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Les interventions chez l’enfant autisme, le rapport de l’HAS : Stop à la guerre des traitements et recentrons-nous sur l’enfant !!!
Le mardi 6 Mars 2012, la Haute Autorité de Santé devait publier un rapport préconisant les bonnes pratiques en matière de prise en charge auprès de la personne autiste. Compte-tenu des tensions actuelles entre les courants psychanalytique et comportementaliste, cette publication est reportée à aujourd’hui.
Parce que l’être humain est complexe il me semble important, de ne pas agir dans cette dichotomie.
Nous ne pouvons pas aborder la prise en charge globale des personnes avec autisme que sur un seul angle.
L’autisme est un handicap complexe privant la personne qui en est atteinte d’un rapport « adapté » à son environnement (humain et spatial).
Tous les champs de développement vont être lésés, l’autisme étant un trouble neurodéveloppemental :
- La communication : comprendre cet environnement et exprimer son état émotionnel
- La motricité: L’exercice moteur n’est pas au service d’une mise en relation à l’environnement ;
C’est-à-dire pouvoir agir sur son environnement via la motricité (utiliser des outils, se mobiliser dans l’espace en adoptant une posture adaptée)
- La cognition : une pensée en détail, une difficulté à comprendre les autres,
- Les interactions sociales : décodage et expression de ses propres états émotionnels mais aussi ceux des autres.
La personne autiste du fait de son handicap a une spécificité d’être. Il est important de prendre en compte cette dimension d’être, en plus de son propre tempérament, afin de l’accompagner vers un rapport plus adapté à son environnement.
Le plus important ne serait-il pas de prendre en compte, avant tout, les besoins spécifiques de l’enfant dans sa famille.
Parce que tout enfant a besoin d’éducation, la prise en charge globale de l’enfant avec autisme doit viser à la fois des champs thérapeutiques (comme pour tout handicap d’ailleurs) et éducatifs ; Et ce, en tenant compte de l’individualité de chaque enfant.
Cet accompagnement doit tenir compte des compétences de l’enfant et surtout de son rythme. L’enfant avec autisme a besoin de développer des compétences qu’elles soient motrices, cognitives et émotionnelles sur l’appui de ses pairs (parents, fratrie, professionnels…)
Afin de lui apporter l’occasion de vivre et d’explorer des expérimentations diverses et multiples, il est important de faire alliance avec l’entourage familial et professionnel. Travailler de manière commune, c’est apporter une cohérence à ces enfants qui, comme nous le savons, ont du mal à généraliser ce qu’ils vivent dans leur environnement.
En France, historiquement, la prise en charge psychanalytique dans sa manière d’envisager les troubles autistiques a fait beaucoup de mal quant à sa manière d’envisager l’origine de l’autisme. L’alliance famille-professionnelle n’existait pas et donc, n’a pas permis d’accompagner au plus près la personne avec autisme.
Aujourd’hui, de plus en plus de professionnels issus de courant psycho dynamique prennent en compte le fait que l’origine de l’autisme soit neurodéveloppementale. Par voie de conséquence, ils sont plus au fait dans leur prise en charge, accompagnant le patient vers un mieux-être dans son rapport à l’environnement.
Le plus important ne serait-il pas de sensibiliser davantage les professionnels aux théories actuelles sans pour autant les faire renier leur culture de formation initiale ?
Car, rappelons-le, lors de leur formation initiale les professionnels paramédicaux sont sensibilisés aux différents troubles auxquels ils seront confrontés de manière globale. Leurs corpus théoriques de base font qu’ils peuvent adapter leur pratique au public avec lequel ils travailleront.
En domaine d’autisme, c’est la formation complémentaire qu’il faudrait prioriser et non la formation de base des paramédicaux.
L’avantage du rapport publié, ce jour, par l’HAS et de reconnaître l’importance des pratiques dites éducatives et cognitivo-comportementales. En effet, l’influence de la sphère psychanalytique dans la prise en charge des personnes avec autisme prévoyait uniquement le champ thérapeutique au détriment du champ éducatif.
Il est important de se battre pour défendre ses idées mais ne perdons pas de vu le sens de nos interventions, permettre à la personne avec autisme de mieux faire les rapports
« soi < --> environnement » et pour cela, les sphères éducatives, cognitivo-comportementale et thérapeutique se doivent de travailler ensemble…
Le rapport publié ce jour :
En fin de l'article de l'HAS, vous trouverez au format pdf un document intitulé "QUESTIONS/REPONSES"
La psychanalyse jugée inefficace par l’HAS :
Du fait de l’absence de données scientifiques ! Cependant, l’HAS recommande de développer la recherche clinique afin qu’elle soit au service « l’amélioration de la participation de l’enfant/adolescent au sein de la société»
Et le packing dans tout ça :
Pour l’instant, l’intérêt du packing n’est pas scientifiquement prouvé mais une validation de ce procédé est actuellement en cours. Les professionnels qui le pratiquent observent une véritable évolution chez les enfants traités (diminution des troubles du comportement).
Ce qui fait polémique, c’est la technique d’une part et ses fondements théoriques.
La technique consiste à envelopper la personne autiste dans des draps mouillés et froids afin qu’elle puisse, par ce biais, se réapproprier son enveloppe corporelle et donc mieux se centrer sur soi. Pour les pratiquants de cette méthode, cela contribuerait à diminuer les troubles du comportement, la personne étant mieux connectée à elle-même, elle est plus à même de gérer ses débordements émotionnels.
Dans son rapport, publié ce jour, l’HAS et l’ANESM sont formellement opposés à l’utilisation de cette méthode en regard des questionnements éthiques qu’elle soulève !