Puéricultrice
Sommeil et troubles du sommeil chez le nourrisson, ce qu'il faut savoir
Après l'arrivée de bébé, les parents se posent rapidement des questions sur leur sommeil. Est-ce normal qu'ils dorment aussi peu, ou au contraire autant ? Quand fera-t-il ses nuits ? Est-ce une bonne idée de le laisser dormir avec nous ? Pourquoi les spécialistes conseillent la position sur le dos ?
Dans cet article nous essayerons de répondre à toutes ces interrogations.
Comprendre les spécificités du sommeil de bébé
Avant toute chose, il n'est pas inintéressant de rappeler, que le bébé, à sa naissance a
une physiologie différente de celles l'enfant et de l'adulte et cela concerne également son sommeil.
Entrevoir les difficultés à s'endormir et à dormir du bébé doit tenir compte de la spécificité du sommeil du nouveau-né.
Le plus important est d'apprécier la qualité et la quantité du sommeil du bébé en fonction
de ses besoins , chaque bébé étant unique.
Il faut également être soucieux de respecter le rythme de chaque bébé. Si certains bébés sont gros
dormeurs, d'autres ne le sont pas. Les chiffres de durée de sommeil en fonction de l'âge du bébé ne sont que des moyennes !
Le sommeil doit être réparateur. Pour bébé, il contribue à la mise en place de certains circuits neuronaux, à l'intégration des fonctions psychiques et cognitives indispensables à sa croissance et à son développement.
A la naissance, le nouveau-né a un le cycle de sommeil de 50-60min, contre 90mn pour l'adulte.
Son sommeil se compose principalement de deux phases. Une phase de sommeil agité suivie d'une phase de sommeil calme. Durant la période de sommeil agité, il n’est pas rare que bébé fasse des mouvements de succion, qu’il grimace, pleure, sourit,sursaute, tremble, grogne, respire fort et bouge. C’est normal et il n’est pas utile de le réveiller pour le réconforter.
De même, sa physiologie dépendant essentiellement des besoins primaires de nourriture, la fréquence de réveils peut être accrue chez les bébés qui ont besoin de boire souvent.
Mais surtout, le bébé, contrairement à nous, vit une journée calée sur 25h et non sur 24h. Il est sur un cycle ultradien, n'étant ni encore calé sur notre rythme cicardien ni sur nos rythmes socio-culturels. Ce sont les adultes qui s'occupent de lui qui ne "font plus leur nuit" , et non le bébé, car celui-ci vit sur son bon rythme.
C'est au cours de ses premiers mois qu'il apprendra à se caler sur nos rythmes socio-culturels (jusquà 3 mois en moyenne).
Aussi, des études révèlent que les fameuses périodes de décharges, apparaissant entre la 3eme semaine et le 3eme mois, contribueraient au passage au rythme circadien. En effet, généralement à partir de la 3eme semaine, le bébé en fin de journée (18h-22h) pleure, s'agite et semble inconsolable.
Cette décharge, par les pleurs, du vécu de la journée participerait à l'évolution du sommeil du bébé. (Voir le livre de T.B Brazelton, ci-dessous)
Comment détecter des troubles du sommeil chez bébé ?
Pour savoir si votre enfant dort trop ou pas assez, il vous suffit d'observer son comportement.
Par exemple, si vous constatez que votre enfant dort peu mais qu'à son réveil il vous parait malgré tout reposé et disposé pour les interactions, ne paniquez pas. Un bébé qui ne dort pas assez, a généralement des cernes, est irritable, somnolent et fatigué dans la journée.
Si vous avez un doute, n'hésitez pas à en parler avec votre péditare, votre interlocuteur
de référence aupres de votre bébé.
On parle de trouble du sommeil chez le nourrisson, en dehors de ce processus physiologique,
normal, lorsque celui-ci éprouve de la difficulté à s'endormir et/ou à maintenir son état de sommeil
afin que ce dernier soit réparateur.
Le sommeil de votre enfant est perturbé si les réveils nocturnes :
- sont trop fréquents (plus de deux fois par nuit) ;
- durent trop longtemps (plus de 20 minutes) ;
- demandent une présence parentale ;
- surviennent plus de quatre à cinq nuits sur sept ;
- durent depuis au moins trois mois.
Pour Brazelton, il faut laisser au bébé faire de son sommeil son affaire, y voyant-là un première forme d'indépendance entre lui et ses parents.
Mais les troubles du sommeil sont aussi des moyens d'expression normaux pour le bébé.
Par exemple, au cours de la phase d'angoisse de séparation (6/8 mois)
bébé peut se réveiller plus fréquemment durant la nuit. Il en sera de même lors de l'acquisition de certaines compétences psychomotrices. Notamment, lors de l'acquisition de la marche où certains bébés chercheront à poursuivre leurs expérimentations la nuit.
Les troubles du sommeil sont aussi l'expression d'un mal-être d'origine physique. Par exemple, le RGO, les poussées dentaires, de la fièvre ou le rhume qui perturbent le sommeil de bébé.
Une fois l'origine médicale du trouble écartée, comment aider bébé ?
Comme nous l'avons vu plus haut, le bébé à partir de son rythme ultradien doit apprendre à passer au rythme circadien.
Pour se faire, en plus de sa maturation neurologique, le bébé a avant tout besoin de repères.
Ces repères rendent son quotidien plus prévisible. Il se sent de plus en plus en sécurité. Il développe sa capacité d’attendre, il s’apaise lui-même en portant la main à la bouche. Il peut apprendre peu à peu à s’endormir seul. Entre 4 et 6 mois, certains bébés n’auront plus besoin de boire la nuit. D’autres bébés en auront encore besoin, peut-être même plus que les semaines précédentes.
La mise en place de rituels au moment du coucher est aussi nécessaire afin de lui rendre prévisible le moment du coucher, la sépration de la nuit. Leurs régularités facilitent l'endormissement du tout petit.
Sachez qu'il n’y a pas de bonne ou de mauvaise méthode pour le coucher ; l’important est que vous vous sentiez confortable.
Au cours de son sommeil, sachez que bébé peut avoir des micro-réveils, pleurant parfois avant de se rendormir seul.
Lors de ses micro-réveils, bébé a besoin des mêmes conditions d'endormissement pour se rendormir. S'il s'est habitué à s'endormir seul, il pourra de nouveau le refaire lors d'un micro-réveilCertains bébés s'endormant dans les bras de leur parent auront donc besoin de ces mêmes conditions pour se rendormir, d'où l'intérêt de leur permettre de s'endormir seul!
Autres question, autres réponses
Le cododo et sommeil
La pratique du co-sleeping (dormir avec bébé) est plus courante ces derniers temps.
Le cododo favoriserait l'attachement du bébé avec son environnement parental et permettrait de poursuivre la proximité d'avec sa mère, comme durant la grossesse.
Il la sent, ressent sa chaleur et sa présence le rassure.
Mais la pratique du cododo n'est pas sans risque puisqu'elle causerait la mort de certains nourrissons. Il existe des lits adaptés au cododo puisque ceux-ci sont accolés au lit parental, laissant à bébé tout de même un espace à lui, sans être trop éloigné de ses parents.
Dormir sur le dos: pourquoi?
Elle est recommandée par les pédiatres pour diminuer les risques de mort subite du nourrisson.
Sur le plan psychomoteur, elle permet une meilleure ouverture au monde ce qui n'est pas permis par la position sur le ventre. Dans cette positon, le bébé ne trouve pas suffisamment d'appuis pour explorer, ce qui contraint sa curiosité sensorielle.
La position prolongée sur le ventre, a pour première conséquence de trop mobiliser les muscles postérieurs de la nuque : bébé tentant de relever la tête. Ayant peu d'appuis, bébé se contracte pour stabiliser sa posture.
Prévention de la tête plate
Si le positionnement sur le dos diminue le risque de mort subite du nourrisson, ce positionnement prolongée peut provoquer un aplatissement du crâne de bébé, les os étant encore mous.
Pour prévenir l'apparition de cette "plagiocéphalie positionnelle":
- changer la position de votre bébé dans son berceau, chaque jour.
- invitez-le à regarder dans diverses directions grâce à un mobile.
- Lorsqu'il est éveillez, en votre compagnie, n'hésitez pas à le placer sur le ventre. Mais rappellons-le, cette position n'est acceptable que quelques moments, à condition que bébé puisse de lui-même relâcher les muscles de son cou pour déposer sa tête au sol. N'oubliez pas que cette posture limite les expériences sensori-motrices et relationnelles.
Pour conclure
Cet article se veut être une trame théorique car chaque bébé en interaction avec sa famille sont des êtres originaux.
A partir de ces apports théoriques, les parents seront mieux éclairés dans leurs choix concernant sommeil de leur bébé.
Pour aller plus loin
Retrouvez sur le site Amazon, des livres très intéressants couvrant le sujet :
Le Sommeil de votre enfant de T Brazelton
Le sommeil de mon bébé : De 0 à 18 mois de Catherine Machi, J. Israel
Comment dorment les bébés : Pour ou contre le sommeil partagé de J. Israel, C. Didierjean-Jouveau, J. McKenna